La perte de conscience d’une victime doublée à l’absence de respiration est la situation la plus dramatique à laquelle puisse être confronté un Sauveteur Secouriste du Travail (SST). Elle exige sang-froid et réaction immédiate. Le secouriste a une priorité : maintenir la personne en vie en assurant une respiration et une circulation artificielles. Face à un tel enjeu, un SST peut, comme tout à chacun, angoisser. C’est pourquoi les gestes sont répétés de nombreuses fois lors des formations Sauvetage Secourisme du Travail afin de pouvoir être pratiqués spontanément et automatiquement. Les défibrillateurs automatisés externes (DAE) disponibles dans tous les espaces publics et les entreprises sont également une aide précieuse.
La conduite générale à tenir face à une victime en arrêt cardio-respiratoire
La conduite à tenir face à une victime en arrêt cardio-respiratoire va dépendre de plusieurs facteurs : la présence ou non d’autres personnes, voire d’un second SST, sur le lieu de l’accident, et la proximité d’un défibrillateur automatisé externe (DAE).
Réanimation cardio-pulmonaire ou DAE ?
Dans tous les cas, le SST doit prévenir immédiatement les secours. S’il est seul, il appuie sur la touche haut-parleur de son portable afin de commencer immédiatement la réanimation cardio-pulmonaire (RCP). Cette technique consiste à alterner sans interruption 30 compressions thoraciques et 2 insufflations. Chez l’enfant et le nourrisson, le rythme est de 15 compressions et 2 insufflations, précédées par 5 insufflations initiales.
En l’absence d’un DAE, ces cycles sont répétés jusqu’à l’arrivée des secours. Si un second SST est présent, l’un pratique les compressions pendant que l’autre effectue les insufflations. Afin que les deux SST puissent tenir la cadence, les rôles peuvent être échangés régulièrement.
L’idéal est de pouvoir disposer d’un DAE à proximité. Si le SST est seul, il doit pouvoir s’en saisir sans quitter la victime plus de 10 secondes, afin d’interrompre le moins possible les compressions thoraciques. Des indications vocales guident le SST pour bien utiliser le DAE.
Bon à savoir : dans les zones ATEX (atmosphère explosive) des entreprises, il est impossible d’utiliser un DAE. Selon les consignes de l’entreprise en matière de secours, le SST peut être amené à déplacer la victime dans une zone hors ATEX.
Les signes d’une reprise respiratoire et cardiaque
Si la respiration et le rythme cardiaque reprennent, la victime est placée en position latérale de sécurité (PLS) en attendant l’arrivée des secours. Le SST surveille en continu le maintien de l’activité respiratoire et cardiaque et reprend la réanimation en cas de nouvel arrêt cardio-respiratoire.
Comment pratiquer les compressions thoraciques ?
Les compressions thoraciques sont de fortes poussées exercées sur le thorax de la victime. La technique varie en fonction de son âge.
Les compressions thoraciques chez l’adulte et l’enfant de plus de 8 ans
Le SST allonge la personne en arrêt cardio-respiratoire sur le dos, si possible sur un plan dur. Agenouillé près de la victime, il place le talon d’une de ses mains au centre, sur la moitié inférieure du sternum. Son autre main se place au-dessus de la première, les doigts entrecroisés.
Une compression correspond à une poussée verticale de 5 cm, réalisée bras tendus. Après chaque compression, la pression est relâchée jusqu’à ce que le thorax reprenne sa position initiale. Pour permettre une circulation efficace, le rythme est rapide, entre 100 à 120 compressions par minute.
Les compressions thoraciques chez le nourrisson et l’enfant de 1 à 8 ans
Chez l’enfant de 1 à 8 ans, la technique est similaire. Seul le positionnement des mains change. Le talon de la main est positionné un doigt au-dessus du bas du sternum. Les doigts sont relevés et la compression thoracique est pratiquée avec une seule main. Néanmoins, si l’enfant est grand ou si le SST n’a pas assez de force, il peut utiliser ses deux mains pour améliorer l’efficacité des compressions.
Chez le bébé, les compressions sont pratiquées avec deux doigts. La pulpe des doigts est positionnée un doigt au-dessus du bas du sternum. La poussée verticale est d’environ 4 cm.
Quel que soit l’âge de l’enfant, le rythme des cycles reste soutenu, avec toujours 100 à 120 compressions par minute.
Comment bien insuffler de l’air dans les poumons ?
Les insufflations servent à envoyer de l’air dans les poumons. Elles sont pratiquées de la même manière chez l’adulte et l’enfant à partir de 1 an. Si le SST possède un dispositif buccal de protection individuelle, il doit l’utiliser.
Des vomissements, crachats de sang ou un traumatisme facial peuvent empêcher de réaliser les insufflations. Dans ces cas, le SST pratique seulement les compressions thoraciques.
Le bouche-à-bouche chez l’adulte et l’enfant à partir de 1 an
Pour que les insufflations soient efficaces, la tête de la victime doit être basculée en arrière, le menton levé. Le SST s’assure avant qu’il n’y a pas de corps étranger et si nécessaire, le retire.
Paume de main sur le front de la victime, le SST bouche les deux narines avec ses doigts. Après avoir inspiré, il plaque sa bouche autour de celle de la victime et souffle progressivement pendant une seconde jusqu’à ce que la poitrine se soulève. Il répète l’opération une fois, avant de reprendre le massage cardiaque.
Le bouche-à-bouche et nez chez le nourrisson
Chez le nourrisson, la tête doit être placée en position neutre. La bouche du SST englobe à la fois la bouche et le nez du bébé. L’insufflation est réalisée de la même manière que pour l’adulte et l’enfant.
Comment utiliser un défibrillateur automatisé externe ?
Le défibrillateur automatisé externe (DAE) permet d’appliquer un choc électrique capable de relancer l’activité cardiaque. Il est recommandé d’allonger la victime sur une surface sèche et non métallique. L’humidité et le métal réduisent l’efficacité des chocs. En cas d’impossibilité de déplacer la personne, un tissu peut être glissé sous elle.
L’utilisation du DAE est guidée par des indications vocales et visuelles. Avant de placer les électrodes sur le thorax de la victime, celui-ci doit être séché et rasé. Le DAE est fourni avec des ciseaux pour couper les vêtements et un rasoir jetable.
Après avoir retiré la pellicule de protection, les électrodes sont collées fermement sur le corps. Pour un adulte et un enfant, elles sont placées à deux endroits précis de la poitrine indiqués sur les électrodes ou leur emballage. Le SST vérifie que la victime n’a pas une cicatrice et un boîtier sous la peau, signes de la présence d’un stimulateur cardiaque. Si tel est le cas, il décale l’électrode 8 cm plus bas. Pour le nourrisson, la première électrode est positionnée dans le dos entre les omoplates et la seconde est collée devant, au milieu du thorax. Il existe des DAE pédiatriques mais, si le SST n’en dispose pas, il peut utiliser un DAE pour adultes.
Une fois les électrodes en place, le SST vérifie si leur câble est bien connecté au défibrillateur. Il peut ensuite lancer l’analyse de l’activité électrique du cœur. Le SST ne doit pas toucher la personne pour ne pas fausser les résultats. C’est le DAE qui indique si un choc est nécessaire ou pas. En cas de choc, toutes les personnes présentes, SST inclus, s’éloignent. Le choc est déclenché automatiquement ou par appui manuel sur le bouton dédié. Après le choc, le SST reprend la réanimation cardio-pulmonaire, en suivant les instructions du défibrillateur. À tout moment, le DAE peut demander de stopper la réanimation pour réaliser une nouvelle analyse et procéder à un nouveau choc.
Le DAE ne doit jamais être arrêté ni les électrodes décollées. Les secours s’en chargeront.
Quelle que soit la technique utilisée pour réanimer la victime, elle doit être poursuivie jusqu’à la reprise de l’activité respiratoire et cardiaque. Le SST doit continuer la réanimation cardio-pulmonaire jusqu’à l’arrivée des secours, même si elle s’avère inefficace. Les secours prendront le relais et décideront de la suite à donner à la prise en charge.
Pratiquer une réanimation cardio-respiratoire avec l’aide, ou non, d’un défibrillateur automatisé externe, est un geste fort qui peut sauver une vie.
Les gestes de premiers secours sont résumés dans l’aide-mémoire « Sauvetage secourisme du travail », reçu par chaque stagiaire à la fin de sa formation SST. Ils sont aussi synthétisés dans le plan d’intervention de l’entreprise.
Pour ne pas paniquer face à un accident du travail, la meilleure formation reste la pratique. C’est pourquoi un SST en entreprise doit suivre une formation initiale de secourisme SST puis, tous les deux ans, un stage de mise à niveau « Maintien et Actualisation des Compétences SST ».