La perte de sang est due à la rupture d’un vaisseau sanguin. Si elle est abondante et ne s’arrête pas, on parle d’hémorragie. Celle-ci doit être traitée rapidement. Des saignements abondants peuvent être fatals, en empêchant le transport de l’oxygène vers le cerveau et le cœur. L’origine de l’hémorragie et l’état de santé de la victime peuvent compliquer l’intervention du Sauveteur Secouriste du Travail (SST). Il lui sera plus difficile de stopper un saignement provoqué par la rupture d’une artère ou chez une personne hémophile ou prenant un traitement anticoagulant.
Face à un accident du travail ayant provoqué une perte de sang abondante, quelle conduite doit tenir le SST ? Compression manuelle, pansement compressif ou garrot ? Voici les gestes de premiers secours à pratiquer lorsqu’une victime saigne abondamment. Ces compétences sont acquises lors de la formation Sauvetage Secourisme du Travail.
Une priorité : arrêter le saignement
Examiner et secourir
Après avoir protégé du risque de suraccident, la priorité du SST est d’arrêter le saignement. Pour cela, il doit choisir la technique de compression la plus adaptée. Son premier réflexe : identifier rapidement l’origine de l’hémorragie, tout en surveillant les fonctions vitales.
S’il n’y a pas de corps étranger présent dans la lésion, deux options s’offrent au SST :
- Demander au blessé de comprimer lui-même sa plaie, s’il est en capacité de le faire. Cela évite au SST d’entrer en contact direct avec le sang.
- À défaut, comprimer lui-même la blessure, en utilisant la technique appropriée, apprise en formation SST.
Tout en maintenant la compression, le blessé est allongé afin de prévenir une détresse circulatoire.
Alerter
L’alerte doit être effectuée au plus tôt. Si une tierce personne est présente sur les lieux, elle s’en charge immédiatement, en respectant les consignes transmises par le SST. Dans le cas où le SST est seul avec la victime, c’est à lui d’alerter dès qu’il le peut, en haut-parleur si il veut maintenir la compression en même temps qu’il effectue son alerte. Si le blessé ne peut appuyer lui-même sur sa blessure, le secouriste appliquera un pansement compressif pour remplacer la compression manuelle.
En attendant l’arrivée des secours, le SST reste près de la victime. Il lui parle, la maintient en éveil, la rassure, la réchauffe et surveille tout signe d’aggravation de son état (sueurs, pâleur, inconscience,…) Il doit savoir appliquer les bons gestes de secourisme en fonction de l’évolution de la situation.
Quelles techniques de compression choisir ?
La compression manuelle
La compression manuelle consiste simplement à appuyer fortement et en continu à l’endroit qui saigne avec les doigts ou la paume de la main.
Le pansement compressif
La compression manuelle peut être remplacée par un pansement compressif, à la condition que le saignement ait commencé à s’arrêter.
Le SST utilise un pansement compressif stérile. S’il n’en possède pas sur lui, il peut en confectionner un. Le principe est d’apposer sur la plaie un tissu épais et propre, maintenu serré grâce à un lien le plus large et élastique possible.
Si le pansement compressif n’est pas assez efficace, la compression manuelle est maintenue par-dessus le pansement.
À noter : le pansement compressif ne peut pas être posé sur les zones du cou, du thorax et de l’abdomen.
Le garrot
Le garrot arrête totalement la circulation du sang. Il ne doit cependant être utilisé qu’en dernier recours. Cette technique comporte en effet des risques graves de paralysie, de gangrène et de troubles rénaux.
Le garrot n’est employé que dans certaines situations : si la compression manuelle doublée d’un pansement adhésif est inefficace, si la victime présente de multiples saignements, si le SST doit accomplir un autre geste vital, si un corps étranger obstrue la plaie ou encore dans le cas de multiples victimes à secourir.
Le garrot est serré et noué entre 5 et 7 centimètres au-dessus de la plaie, en suivant un protocole très précis. L’heure de pose est à noter impérativement. Au vu de sa technicité, ce geste est répété plusieurs fois au cours des formations initiales et de recyclage SST.
Une fois en place, le garrot doit toujours rester visible et ne jamais être retiré.
Agir face à deux types d’hémorragies particulières
Le saignement de nez est l’hémorragie la plus courante. Tout le monde y est confronté plusieurs fois dans sa vie. Il se stoppe aussi grâce à une technique de compression. Tête penchée en avant et après s’être mouchée avec vigueur, la personne doit comprimer ses narines pendant dix minutes. Un avis médical sera sollicité si le saignement ne s’arrête pas, s’il s’est déclaré suite à une chute ou à un coup sur le nez ou si la personne prend des médicaments pour fluidifier le sang.
Un blessé qui vomit ou crache du sang peut être le signe d’une hémorragie interne ou d’une pathologie grave. Les secours doivent être immédiatement alertés. Dans l’attente, la victime est installée dans la position qui lui convient le mieux. Elle doit pouvoir facilement cracher le sang.
Les précautions à prendre vis-à-vis du sang
Certaines maladies se transmettent par le sang, même via une plaie minime. Il s’agit en particulier du VIH et des hépatites B et C.
Dans la mesure du possible, le SST doit se protéger du contact direct avec le sang. En l’absence de gants propres, il peut couvrir ses mains avec un sac en plastique ou un tissu propre. Cependant, la recherche d’un moyen de protection ne doit en aucun cas rallonger le délai d’intervention. La priorité est d’agir immédiatement pour faire cesser le saignement.
Dès que possible après l’intervention, le SST devra :
- Se désinfecter les mains avec du gel hydro-alcoolique et/ou se les laver avant de toucher une zone du corps pouvant laisser entrer microbes, virus et bactéries (yeux, bouche et nez).
- Retirer et nettoyer ses habits et chaussures maculés de sang.
S’il a été en contact avec le sang, même simplement par projection, le SST doit suivre la procédure établie par la médecine du travail de l’entreprise ou s’adresser immédiatement aux urgences.
Face à une hémorragie, le SST doit agir rapidement, avec pour priorité d’arrêter le saignement. Une perte de sang abondante peut avoir de graves conséquences sur le cerveau et les organes internes privés d’oxygène. Elle peut aussi provoquer la mort. En dernier recours, dans l’attente des secours, le garrot peut être utilisé pour son efficacité, malgré les risques qu’il engendre.
Les gestes de premiers secours sont résumés dans l’aide-mémoire « Sauvetage secourisme du travail », reçu par chaque stagiaire à la fin de sa formation SST. Ils sont aussi synthétisés dans le plan d’intervention de l’entreprise.
Pour ne pas paniquer face à un accident du travail, la meilleure formation reste la pratique. C’est pourquoi un SST en entreprise doit suivre une formation initiale de secourisme SST puis, tous les deux ans, un stage de mise à niveau « Maintien et Actualisation des Compétences SST ».