L’étouffement est provoqué par une obstruction des voies respiratoires. Celle-ci est généralement occasionnée par un aliment ou un corps étranger avalé de travers et coincé dans la trachée. L’étouffement est une urgence vitale. Le manque d’oxygène peut entraîner des séquelles cérébrales, voire le décès de la victime si les gestes de premiers secours ne sont pas pratiqués.
En cas de suffocation d’un salarié, le Sauveteur Secouriste du Travail (SST) doit intervenir rapidement en utilisant les techniques de désobstruction apprises lors de sa formation Sauveteur Secourisme du Travail. La conduite à tenir varie selon que l’obstruction est partielle ou totale, et selon l’âge et la corpulence de la victime.
Obstruction partielle ou totale des voies aériennes ?
Une fois les mesures de protection prises, la priorité du SST est de libérer les voies aériennes.
Lors de l’examen, le SST vérifie l’ampleur de l’obstruction. Si la victime respire encore, même avec effort, et si elle tente de tousser, l’obstruction est considérée comme partielle. Ces symptômes peuvent s’accompagner d’un sifflement respiratoire. Dans ce cas, le SST ne doit surtout pas tenter de désobstruer la trachée. Cela risquerait en effet de déplacer le corps étranger et d’entraîner l’obstruction totale. Il doit :
- Installer la victime dans une position qui lui est confortable et desserrer ses vêtements.
- L’encourager à tousser pour expulser le corps étranger. Si celui-ci remonte dans la bouche, le SST peut le retirer doucement avec ses doigts.
- Faire alerter ou alerter les secours.
- Surveiller la victime, la rassurer, lui parler et la réchauffer. La sensation d’étouffement peut s’accompagner d’une grande angoisse liée à la sensation de mort imminente.
- Agir en cas d’aggravation de son état (désobstruction, réanimation,…) et rappeler les secours.
Tapes dans le dos ou compressions ?
En cas d’obstruction totale des voies respiratoires aériennes (la victime ne peut ni respirer, ni tousser, ni parler ou émettre le moindre son), le SST doit alterner deux techniques : les tapes dans le dos et les compressions.
Alterner tapes dans le dos et compressions
Face à une victime qui suffoque, le SST effectue 1 à 5 tapes vigoureuses dans le dos pour déclencher le réflexe de toux. Si cette technique est inefficace, il poursuit son intervention avec 1 à 5 compressions abdominales (méthode de Heimlich) ou thoraciques, en fonction du gabarit de la victime.
Si le corps étranger n’est toujours pas rejeté, il reprend la procédure avec 1 à 5 tapes dans le dos. Il enchaîne les deux techniques sans discontinuer jusqu’à libération des voies aériennes.
Comment pratiquer ces gestes de premiers secours ?
Les tapes dans le dos s’effectuent entre les deux omoplates avec le talon de la main ouverte. La victime est penchée en avant, soutenue par le SST placé légèrement en arrière sur le côté. Si c’est un enfant, il est basculé sur la cuisse du secouriste, tête penchée vers le bas. Enfin si c’est un bébé ou un très jeune enfant, il est allongé à califourchon sur l’avant-bras, tête en avant et bouche maintenue légèrement entrouverte.
Les compressions abdominales sont connues sous le nom de méthode de Heimlich. Elles se pratiquent chez l’adulte et le grand enfant. Le SST se positionne derrière la victime, l’enlace et vérifie que sa tête est penchée en avant. Il pose son poing fermé entre le nombril et le sternum puis exerce des pressions fortes vers l’arrière et le haut pour créer une surpression dans les poumons.
Dans quels cas remplacer les compressions abdominales par des compressions thoraciques ?
Les compressions abdominales sont pratiquées pour les adultes et les grands enfants. Elles sont remplacées par des compressions thoraciques dans deux situations :
- Si le SST ne peut enserrer la victime avec ses bras (femmes enceintes et personnes de forte corpulence) : le secouriste se positionne alors derrière la victime, encercle sa poitrine, pose son poing au milieu du sternum et tire en exerçant de 1 à 5 pressions fortes vers l’arrière.
- Chez les bébés et les petits enfants, les compressions abdominales peuvent endommager les organes. L’enfant, allongé sur le ventre sur l’avant-bras du SST pour effectuer les tapes entre les omoplates, doit être retourné sur le dos, maintenu fermement par le secouriste entre ses deux avant-bras. Avec 2 doigts positionnés sur la moitié inférieure du sternum, celui-ci effectue de 1 à 5 compressions profondes.
Le SST alterne ainsi tapes dans le dos et compressions thoraciques jusqu’à libération des voies aériennes.
Quelle suite donner en fonction de l’efficacité des gestes de secours ?
Les tapes et compressions sont efficaces
La victime tousse, reprend sa respiration ou expulse le corps étranger ? Cela signifie que ses voies aériennes sont libérées, au moins partiellement. Face à cette obstruction devenue partielle, le SST encourage la victime à tousser pour expulser le corps étranger ou, au moins, le faire remonter dans sa bouche.
La victime perd connaissance
Le SST doit être prêt à l’éventualité d’une perte de conscience pour accompagner en douceur la descente au sol. En cas de perte de connaissance, il doit rappeler les secours et commencer une réanimation cardio-pulmonaire afin de maintenir une circulation sanguine et une respiration artificielle. La RCP est une alternance de 30 compressions thoraciques et de 2 insufflations.
Toutes les 30 compressions, le SST vérifie si le corps étranger est remonté dans la bouche. S’il est accessible, il le retire doucement avec les doigts. Sinon, il continue la RCP jusqu’à l’arrivée des secours. S’il dispose d’un défibrillateur automatisé externe (DAE), le SST doit l’utiliser pour renforcer l’efficacité de la réanimation.
L’étouffement est une situation d’urgence qui exige une réaction rapide et efficace du SST. Celui-ci peut, avec des gestes puissants et appropriés, sauver le salarié d’un décès inéluctable causé par le manque d’oxygène. Dans le meilleur des cas, le corps étranger est expulsé. La victime est alors allongée en position de repos en attendant les secours. Des examens complémentaires pourront être pratiqués pour analyser les éventuelles conséquences du défaut temporaire d’oxygénation du corps.
Les gestes de premiers secours sont résumés dans l’aide-mémoire « Sauvetage secourisme du travail », reçu par chaque stagiaire à la fin de sa formation SST. Ils sont aussi synthétisés dans le plan d’intervention de l’entreprise.
Pour ne pas paniquer face à un accident du travail, la meilleure formation reste la pratique. C’est pourquoi un SST en entreprise doit suivre une formation initiale de secourisme SST puis, tous les deux ans, un stage de mise à niveau « Maintien et Actualisation des Compétences SST ».